Souviens-toi petit homme,
souviens toi… Reviens doucement au stade de ton enfance, lorsque tu te blottissais
dans les bras de ta mère, qui te regardait avec tant de passion et qui te
communiquait les premiers sentiments d’humains : l’amour d’une mère. T’en rappelles-tu ?
Es-tu pleinement conscient que c’était là, à ces instants d’émotion intime, que
tu pouvais prendre connaissance de l’amour partagé ? Vous étiez deux et
c’était ton premier sentiment émotif, de complicité et d’échange? La première
caresse sur le front ou sur la joue, tu la ressentais avec chaleur, tendresse
et avec l’assurance de la protection maternelle. Tu découvrais la vie,
l’émotion de la vie !!! Ce fut en
même temps, aux mêmes époques de ta toute petite enfance, les contacts avec la
nourriture, le lait chaud, le goût, avec la tétée, la douceur du sein maternel.
Douceur, tendresse, contact charnel, sécurité, promesse de bonheur, partage
intime… Une foule d’émotions, un brasier de consumations internes t’envahissait
et prenait forme en toi au contact de la mère. Alors… Et puis, et puis…
Tu t’es heurté ensuite aux
désillusions, aux premiers échecs, aux déceptions et à l’incompréhension. Tu étais
un enfant, un tout petit enfant sans défense aucune qui ne comprenait pas et
qui toutefois se devait de comprendre. Soudain, la gifle est venue au propre
comme au figuré, alors que tu te croyais être « SON protégé exclusif».
Tu ne l’avais pas vu venir cette gifle. Grande fut la surprise. Tu avais fait
une bêtise et ce fut : « ta deuxième émotion ». Une émotion
d’immense étonnement, étonnement mêlé à un profond sentiment d’injustice.
C’était fort, si fort. Plus fort que la tendresse, plus fort que tout ce que tu
avais ressenti auparavant. Deux émotions opposées, aux antipodes dans ta vie et
qui te forgeait ainsi le caractère. Cela te créait « ta personnalité ».
Car c’est bien de personnalité qu’il s’agit là. Ton « moi », ton minuscule
ego comme on dit, s’est bâtit à coup d’amour et à coup de stupeur, voir de
haine naissante et de souffrance. Cet ego s’est soudainement éveillé. L’amour
et la haine étaient en phase de découverte dans ton « moi », et ces
deux grands sentiments s’affrontaient alors, pour faire de toi l’homme que tu es
devenu, aujourd’hui. Et puis, et puis…
Et puis, ce fut les rencontres
entre enfants du même âge, les premières attirances et les premiers refus de
l’autre. Tes émotions s’enflaient et débordaient de toi. Tu découvrais sans le savoir ce qu’était… l’EMOTION !!! La
différence entre tes idées, confrontées aux idées des autres enfants façonnés
comme toi, faits pour devenir des hommes, se dévoilait à toi, petit homme… Et
puis, cela se bousculait dans ta tête de petit humain tout neuf, fraîchement débarqué
de ta planète sur une terre nouvelle. Tu étais sans défense, sans connaissance,
sans instruction ou sans savoir ce qu’est ; « l’ÉMOTION » !!!
En regard de la difficulté que tu avais de réaliser ton intégration dans ce
monde d’enfants, tu découvrais avec surprise (au détour d’une conversation
d’adultes), que ta maman n’aimait plus ton papa… Ton papa n’aimait plus ta
maman… C’était encore une nouvelle émotion. Tu te sentais déchiré, partagé,
découpé, séparé, tiraillé dans ta sécurité de petite fleur en croissance… Tes
petites graines prêtes à éclore se trouvaient devenir en sclérose. Elles se
recroquevillaient en toi, comme une fenaison en devenir. C’était le constat,
personnel, ingrat, fort, implacable de la différence d’un monde de l’enfance,
des tout petits. Différent d’avec celui des grands, de ces soit disant « adultes ».
Et tu étais seul face à toi-même, sans avoir appris à vivre, dans cet univers
que tu croyais bien à toi et qui te devenais tout à coup hostile, étranger dans
tes conceptions de jeune enfant et dans les découvertes de ta future vie… Dur,
dur… C’est ça le monde des hommes… Il n’est pas ce que tu croyais, petit naïf
que tu étais… Et puis, et puis…
Et puis ce sont les séparations,
les retrouvailles, les baisers volés au détour d’une rencontre fortuite avec « qui »
tu aimes… Les partages obligés entre deux êtres que tu chérissais et qui ne
s’aiment plus. Papa, maman ???? C’est la consternation dans ta solitude. Dans
ton petit lit où tu te recroquevillais le soir, tu tentais de te re-souvenir
des moments heureux que tu avais vécu hier, aujourd’hui disparus et déjà si
lointains… Ton petit lit était si douillet avant, quand le soir maman venait
t’embrasser tout en te bordant… Il est devenu si froid ce soir, glacé,
impersonnel et sans amour. Ce sont tes petites émotions à toi, que tu te
partages… avec toi… Tout seul… Et puis, et puis…
Et puis tu t’es habitué ! Tu
y as bien été obligé, car tu es un futur grand. Si, si. Un futur homme. Et tu
te forges un caractère à toi, bien à toi, sans savoir qu’un caractère se
fabrique à coups de coups durs, de tristesses non partagées, de déceptions
obligées. Non. Et tu subis la situation comme si tu devais vivre comme les
grands vivent. C'est-à-dire : devoir t’habituer ou faire semblant de
t’habituer à ces évènements qui t’agressent… Les grands font tellement
« comme si », ou bien « comme ça », eux, ces adultes si prompts
à chambouler et transformer la vie des petits enfants…Et cela sans te demander
quoi que ce soit. Ils t’ont transformé le bonheur et l’insouciance que tu avais
de vivre avec l’obligation de souffrir. Comme
font tous les petits terrestres venus sur terre, tu as grandi au milieu d’eux. Tu
étais né pour satisfaire leur plaisir, leur besoin ou les caprices des hommes.
Et tu as bien été obligé de faire avec ce qu’ils t’ont laissé…Comme ça. Et tu as regardé tes émotions, tu les as
subit par obligation, par impérieuse nécessité. A ce jour, elles se trouvent
engrangées dans tes gènes, en toi et rien qu’à toi. Elles évolueront plus tard avec
toi, se fonderont en toi et se transmuteront en acquis. C’est dur la vie, hein petit ? C’est dur ??? Et puis, et puis…
Et puis, ta petite voisine de
classe t’a regardé. Un petit sourire, un clin d’œil coquin et complice s’est
échangé entre vous deux. Tu n’es plus seul, tu n’es plus ce tout petit être isolé dans son malheur d’enfant. Ton petit cœur
écorché au vif, se retrouve alors à rebattre normalement, il redevient soudain
heureux. Elle t’a regardé et l’émotion t’a assaillie, un peu beaucoup par
surprise. L’EMOTION !!! Une nouvelle émotion. Tu sais maintenant ce que
c’est… Et tu vas l’entretenir maintenant, secrètement. Tu vas tenter, d’en faire
une surenchère à l’enchère que tu as reçue hier en toi. Alors, la main dans la
main, frôlée près du cœur, près de l’âme, vous vous êtes rencontrés pour ne
plus vous quitter (???) Attention petit d’homme, les émotions, tu sais ce que
c’est maintenant ! Attention. Prudence. Ne vas-tu pas comme hier encore,
recevoir une autre émotion, une autre déception qui t’abîmera encore un peu
plus ? Ton for intérieur ne s’en trouvera-t-il pas tout chamboulé pour ne
plus être comme il était… comme avant ? Attention petit, attention, danger. Et puis,
et puis…
Et puis ce sont les premiers
émois, les premiers petits baisers, les petites caresses, les petits câlins, ces
attouchements de tendresse que tu avais déjà éloignés de ton âme. Tu avais perdu la confiance en ta maman et en ton
papa. Et tu retrouves avec ELLE, un soudain regain de bonheur. Tu combles cette
perte d’émotions déjà anciennes, par de nouvelles sensations plus intenses
encore. Et puis, et puis…
Et puis, tu grandis, tu convoles.
En retrouvant cette continuité, tu poursuis ainsi ta quête de sensations. La beauté
de la musique t’en a apportée. Ta peau frissonnait d’émotion aux vibrations
harmonieuses des pleurs d’un violoncelle. Une clarinette ou bien un clapotis de
piano t’apportaient cette certitude que le bonheur émotionnel existait. La
beauté de l’art, les images du monde, la force des couleurs t’on comblé
d’émotions. Chaque jour ton cœur s’est façonné un peu plus. Il s’est forgé aux
moules des hommes. Tu t’es fabriqué, tu « ES » maintenant, tu « VIS »
ta vie à coup d’émotions. Tu recherches en permanence ce que tu avais oublié,
ce qui est déjà si loin aujourd’hui de toi. Ces frissons obtenus par la
recherche de tes poussées d’adrénaline, tu les connais par cœur maintenant. Et
puis, et puis…
Et puis petit, il y avait la
séparation de ton papa et de ta maman. Tu découvres soudain et tu rencontres
bien malgré toi, la mort. Elle t’a surprise au détour d’un jour bien banal,
pour te prendre ce quelqu’un que tu aimais. On te l’a pris ou prise. Tu
souffres. Tes émotions se creusent et te renforcent. Le négatif t’apporte, sans
que tu le saches bien encore, du positif. A toi de bien savoir l’utiliser. Tu
n’es plus le petit bébé dans les bras de ta maman. Tu es un homme et c’est dur
d’être un homme. C’est difficile d’être celui que les autres croient que tu es.
Essaies tout de même. Mais là, c’est le paraître qui apparaît. Ce n’est plus l’émotion
perçue, c’est l’émotion que tu crois donner et que tu dois donner à l’autre…
Alors petit homme… C’est ta vie
qui passe, à coup de coups durs et de bonheurs. Tu es absorbé dans cette course
à la vie, cette vie que tu croyais au tout début être si simple et qui en fait
est si compliquée, par la complexité à vivre qu’en font les hommes. Ne fais pas
comme eux ! Sois toi. Vis tes émotions bien fortement et bien profondément,
et tu verras que ce n’est pas en paraissant que l’on se fait. C’est en étant
vrai que l’on devient. L’émotion, c’est ça, tout simplement. Tu es venu de loin,
si loin. Par delà les frontières étoilées de l’univers, tu es venu sur Terre
pour réaliser ton « MOI » et le faire grandir. Tu l’as fait
fructifier pour parfaire ton inné, cet inné qui se trouve maintenant être lié à
tes acquis d’émotions. Tu as traversé alors des galaxies lointaines, reculé les
frontières de l’astral, parcouru des milliers d’années lumière, cette mesure du
temps que tes frères les hommes ont inventé pour que tu puisses enfin devenir…
« TOI ». Tu as eu des joies, des peines, des pleurs, des rires, des
sourires, des souffrances de l’âme et du corps, des regrets et des remords, des
élans et des reculs. Tu as vécu tout cela et maintenant, c’est à toi d’extraire
de tes expériences, l’essence magnifique qui est l’aliment vital et essentiel d’un
être en devenir. Lors de ta conception, tu étais déjà un instant d’émotion à
toi tout seul. Continue petit homme, perpétues ainsi et aussi les gènes
émotionnels de l’homme que tu es devenu. Transmets ta survivance à coups
d’émotions. Au moins, par ces sentiments émotifs que tu as découvert dans ta
vie, tu auras un peu prolongé le peu d’amour qui manque à l’humanité.
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