"Je suis tombé de mon ovni"...

(Episode 2)

Je suis tombé de mon ovni …

C’est enfin terminé, j’ai rempli mon contrat. Je retournais alors dans mon OVNI.

Je remontais donc dans mon astronef, un peu ensablé depuis mon arrivée au Sahara, à In Amguel, là-bas tout au mileu de cette grande carte de l'Afrique. Je fermais bien vite les hublots pour éviter les aveuglements du soleil. Les sas d’aérations étaient bloqués à double tour pour que les ondes radioactives du site que je venais de quitter ne pénètrent pas dans mon "espace vie" enfin retrouvé. La chaleur insupportable ne pouvait plus entrer, je revivais dans "MON MONDE à MOI" ! Toutes les ouvertures étaient obstruées afin que je puisse tenter un peu, d’oublier l’épreuve que j’avais subie. Une année durant à jouer au petit homme bien obéissant, à marcher au pas sans rien objecter, à apprendre à tirer au fusil dans le but de tuer d’autres hommes, etc.…
A vivre hors du temps logique de la normalité de vie, quoi!!!!!!!

A partir de cet instant, j’étais libéré de ce que vous appelez tout simplement : le devoir civique ou les obligations militaires. Je suis maintenant sur le chemin du retour, en direction de ma petite planète, celle qui a toujours le doux nom de "Amour, Politesse et Respect". Libéré… J’étais donc libéré. Avais-je donc été un prisonnier ? Il y en avait bien d’autres que moi, des prisonniers. Et nos geôliers savaient donc bien eux, que nous ne pouvions pas nous enfuir de l’endroit où ils nous avaient parqués. Nous étions cernés par votre grand jardin que vous appeliez "le Désert du Sahara, le Hoggar", avec des noms bigrement bizarres comme : POINT NORD, CEMO, POSTE B, etc. etc.

Aujourd’hui, j’aurais beaucoup de difficulté à vous remercier, Madame la Grande Muette, même pour l’hospitalité que vous m’avez offert aussi généreusement. Je vous ai donné ce que j’ai pu vous donner pour vous rendre le service que vous me demandiez ; oh pardon : que vous "m’obligiez" à vous rendre ! Mais non contente de m’avoir pris mon corps, vous avez saisi le reste : c'est-à-dire, ma confiance, ma naïveté, mon espérance en la valeur humaine des grands, le respect de votre hiérarchie, etc.… Je suis déçu oui, très déçu. Vous ne nous aviez rien dit avant de venir là où vous nous avez amenés et jetés en pâture aux ordres gutturaux des gradés obtus et fermés … Il se trouve que nous avons tous perçu petit à petit, les leurres ainsi que vos mensonges accompagnés de vos silences. Silences si éloquents…Oh ! Que oui.

Vous ne répondez pas…Vous êtes donc comme on me l’a dit : La Grande Muette ! Et sur ma planète ne dit-on pas : « Qui ne dit mot consent ? ».

Et puis je suis de retour chez moi, là où il fait bon vivre. Je crois ici, que tout est fini, terminé, enterré, ensablé et cela, définitivement… Et puis non. Vous n’en aviez pas assez. Vous avez déplacé vos erreurs, les avez élargies, grandies, améliorées avec vice, en expatriant plus loin, dans d’autres paradis terrestres, d’autres petits extraterrestres comme moi. Vous les avez installés là où les gens étaient gentils, avant que vous ne veniez, vous et votre bombe. Vous avez, là aussi, emmené des petits hommes naïfs qui me ressemblaient, des petits êtres candides qui ne demandaient rien à personne et qui ne faisaient pas de mal à quiconque. Ils ne nuisaient pas. Et vous les avez installés, votre bombe et eux à Mururoa, dans un endroit que l’on nomme "Pacifique"... Là où l’eau et si bleue, si transparente, comme si l’on vivait heureusement au travers d’un prospectus d’agence de voyages. Pacifique : pour vous ou pour eux ???

Et vous, vous êtes fait encore du plaisir en faisant "péter" à nouveau cette foutue bombe… Et vous avez encore et encore fabriqué du malheur, de la tristesse mêlée à des maladies sournoises et durables. Et maintenant ? Vous sentez vous mieux alors que vous avez projeté sans nous le dire, sans l’avoir anticipé, des misères ailleurs que devant votre porte ? Pas chez vous mais chez les autres ? Et qu’ainsi, vous vous êtes créée de la fierté de paraître et de l’orgueil d’être "une grande nation lotie d’un merveilleux programme nucléaire" ?

Et pourtant, j’avais appris ce que vous m’aviez enseigné en cas d’explosion de la bombe. Rappelez vous, faîtes un petit effort de mémoire : en cas d’explosion nucléaire, vous m’aviez dit de faire un trou d’homme, de m’y coucher sous ma toile de tente déployée par-dessus mon corps, ceci afin d’éviter les trois effets… "Les effets de choc, les effets de chaleur et les effets de lumière…" Excusez-moi Madame La Grande Muette, de vous apporter la modeste contribution d’un extraterrestre égaré dans votre monde. A votre savoir et connaissance que je sais immenses, vous avez omis un effet, un tout petit effet de rien du tout : l’effet de pollution radioactive ! Et puis, et puis, une question, comme ça, en passant : le trou que nous avions creusé dans le sol, afin d’éviter ou d’échapper aux effets négatifs que nous aurions dû subir, n’était-ce pas pour faire une économie de cercueils ? Non ???

Maintenant, je suis revenu chez moi, et je vous observe… Vous savez, si vous regardez le ciel dans les nuits sahariennes, je suis à droite de ce que vous appelez "la constellation de la Croix du Sud" ! Je vous regarde de là-haut, de ma planète tranquille, saine et plaisante pour celui qui aime y vivre, pour lui et pour les autres. Elle est toujours de la couleur bleu azur, elle. Vous la vôtre l’était avant qu’elle ne se salisse et se noircisse au fur et à mesure que vous avez fait exploser vos engins de guerre et de mort. Je suis bien triste de vous voir dans cet entêtement, de vous sentir aussi butée… Vous savez la vie… ce n’est pas tuer, c’est vivre, tout simplement !
La terre elle, n’est plus assez grande à ce jour pour jouer avec elle de la façon égoïste et néfaste comme vous le faites.

On dit souvent et c’est normal, "Que l’exemple doit venir d’en haut"… Je ne me trompe pas ??? Vous aller réparer vos erreurs hein, non ? Moi dans ma naïveté de petit extraterrestre tombé du haut de sa petite planète bleue azurée, j’avais confiance en vous. Quand je gare tout simplement mon OVNI (celui que vous appelez "Objet Volant Non Identifié" dans le mauvais sens de la circulation, vous me punissez, n’est il pas vrai ? Le délit est pourtant bénin par rapport au vôtre. Ah oui, j’oubliais… Vous avez le privilège et l’impunité des grands ! Vous faites donc partie de la meute des loups silencieux, qui n’ont pas de voix, qui sont sourds aussi et aveugles bien souvent. Fourbe, un peu ? Et moi, et nous… Les petits les sans-grade, les moutons silencieux… Ne nous auriez vous pas menti, Madame la Grande Muette ? Et bien c’est décidé ! Je garde mes rêves qui sont pleins de couleurs, de vent de sable, de couchers de soleil flamboyants et chauds et doux aussi, ajoutés à de profondes amitiés d’entre les hommes que je me suis façonné.... Mais vous, je ne vous écoute plus dans vos discours, je ne vous regarderai plus sur l’écran de contrôle de mon astronef interplanétaire. Et j’enseignerai à mes petits enfants la vérité, la mienne, celle que j’ai constatée ! Ce que vous avez fait pour arriver à vos fins est de "désinformer en informant".

Je vous dis tout de même MERCI pour m’avoir entendu (mais pas écouté), et merci aussi de m’avoir donné l’occasion de rencontrer des terriens bien sympathiques qui sont devenus aujourd’hui, "DES AMIS". Je suis fier d’eux et heureux de les avoir connus. D’ailleurs, nous correspondons tous, on se rencontre, on essaie de vivre nos souvenirs en se les racontant, de raviver nos mémoires en les revivant ; mais malheureusement leurs souffrances, leurs douleurs dans leurs corps et dans leurs âmes sont toujours bien présentes….

Une vie est faite d’une multitude de détails qui, mis bout à bout, en font une vie… Et c’est celle que nous vivons… Et j’ai pu me rendre à l'évidence que ma vie extraterrestre était constituée d’une foultitude de détails, et vous en faites malheureusement partie !

(à suivre)